Conférence des Amis du MASC - 18h30

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Hélion
28 nov.

Jean Hélion : le voir et l’intelligible ou la peinture et son double

Par Henry-Claude Cousseau, conservateur général honoraire du patrimoine, co-commissaire de l’exposition au musée d’Art moderne de Paris

Jean Hélion (1904-1987) a apporté à l’histoire de l’art moderne une contribution majeure et sans équivalent par le dialogue incessant que sa peinture instaure entre abstraction et figuration.

L’abordant en autodidacte et en véritable pionnier, il s’engage dès 1929 dans la voie de l’abstraction et en devient l’un de meilleurs défenseurs entre Paris et les États-Unis. À la fin des années 1930, ses formes s’animent, préfigurant un retour vers la figure, dans une volonté de revenir au réel.

Au moment de la guerre, mobilisé et fait prisonnier en Allemagne, il parvient à s’en évader en 1942 et retourne aux États-Unis. Le récit de cette évasion spectaculaire est l’objet de son livre « They shall not have me » (« Ils ne m’auront pas »), qui devient un best-seller.

Revenu définitivement à Paris en 1946, au moment où triomphe l’abstraction, il est confronté à l’incompréhension générale. Mais poursuivant dans la voie figurative, il en explore tous les ressorts et en reformule les genres sans jamais renier la modernité. La ville et ses figurants, la rue, les choses et les événements de chaque instant sont une source d’inspiration inépuisable.

En cherchant sans cesse à réécrire le réel, le parcours pictural d’Hélion est profondément novateur. Expérimenter, transmettre, « faire voir », c’est ce qu’a fait sans relâche celui qui est devenu un relais pour de jeunes artistes dans les années 1970, et au-delà. Inclassable, audacieuse, la peinture d’Hélion a traversé le XXe siècle, gardant intacte sa présence aujourd’hui.

Son œuvre a fait l’objet de nombreuses expositions en Europe et aux États-Unis, dont des rétrospectives, notamment au Grand-Palais en 1970, en Chine en 1980, au Musée national d’art moderne/Centre Pompidou en 2004 et tout récemment, vingt ans après, en 2024, au Musée d’art moderne de Paris.

« L’abstrait est l’âme du concret, comme celui-ci à son tour est le fantôme du premier. Le tableau, fenêtre ouverte par où tout se voit, l’arbre et le reste. Peindre c’est essayer de dire tout cela avec bonheur. Donner à voir et donner à chanter ».

 

Salle des conférences de l'Abbaye Sainte-Croix

Entrée libre